Cocteau

… Et je ne sais quel coq d’Arles qui donne à Clergue
L’ordre d’ensevelir la perle de son œil.

Jean Cocteau, Hommage noir, 1958

 

C’est… Picasso, que j’avais connu en 1953, qui me recommanda au poète. S’ensuivit un échange de lettres pas très encourageant, puis l’envoi de mes photos de Gitans qui le bouleversèrent à tel point qu’il y puisa à son aise, afin de réaliser les fresques de la chapelle Saint-Pierre à Villefranche-sur-Mer ainsi que pour certaines compositions de la mairie de Menton et l’affiche du Festival de musique de Menton. La fierté ne pouvait que m’envahir.
J’ai soigneusement conservé plus d’une centaine de lettres et télégrammes de notre correspondance, parue chez Actes Sud*, et j’eus le privilège de figurer dans les éditions de La Pléiade, où les poèmes qu’il a écrits sur moi ont été publiés.
Lorsqu’enfin il put réaliser son film le Testament d’Orphée il me pria de rejoindre son équipe, évoquant deux raisons : être un photographe libre – je pourrais faire ce que je voulais – et l’assister dans les séquences gitanes pour lesquelles je recrutais mes voisins du quartier de la Roquette à Arles.

Lucien Clergue, 15 février 2011, Arles

* La correspondance entre le poète et l’artiste a paru chez Actes Sud en 1989. Nourrie de poèmes et dessins, elle trace le fil de l’amitié entre les deux hommes, de son début en 1955 jusqu’en 1963, l’année de la disparition de Cocteau.